Français (langue)

Dictionnaire grammatical de la langue française

contenant toutes les règles de l'orthographe, de la prononciation, de la prosodie, du régime, de la construction, et avec les remarques et observations des plus habiles grammairiens

Auteur(s) : FERAUD Jean-François

 à Paris, chez DELALAIN l'aîné, rue S. Jacques, vis-à-vis celle du plâtre
 nouvelle édition revue, corrigée et considérablement augmentée (la première date de 1761)
  1786
 2 vol: tome 1. A-H (XIV-312-280 p.), tome 2. I-Z (593 p.)
 In-octavo
 plein veau, dos à cinq nerfs, caissons ornés de fleurons dorés
 culs-de-lampe


Plus d'informations sur cet ouvrage :

Jean-François FÉRAUD, natif de Marseille, intègre l’ordre des jésuites à 17 ans. Il réside ensuite à Besançon où il enseigne le latin, la rhétorique et la philosophie. L’occasion lui est alors donnée d’assister le père Esprit PÉZENAS dans sa traduction du New General English Dictionary de Thomas DYCHE. En 1763, la Compagnie de Jésus est bannie du royaume de France, ce qui contraint FÉRAUD à se réfugier un temps en Avignon. Par la suite il obtient l’autorisation de revenir à Marseille au sein du clergé séculier. Il intègre alors l’Académie locale et en devient l’un des membres les plus éminents. À la Révolution, refusant de prêter serment, il connaît jusqu’en 1798 une vie d’émigré, errante et semi-clandestine.

Le goût personnel de FÉRAUD le porte vers la linguistique et l’étude de la langue française, sans oublier le dialecte provençal de sa région natale. La grammaire française étant l’un de ses sujets de prédilection, il travaille plusieurs années à rédiger une synthèse sur le sujet. Les contours de la langue française ne sont pas encore complètement définis et “normés”, malgré un élan soutenu par le pouvoir royal depuis la Renaissance et les importants travaux de l’Académie française, de MALHERBE, de MÉNAGE, de RÉGNIERDESMARAIS ou de VAUGELAS.

FÉRAUD met en chantier ce dictionnaire grammatical, son objectif consistant à réaliser un ouvrage essentiellement pratique. C’est ainsi qu’il observe : « Sur quoi a-t-on le plus souvent besoin de consulter que sur les doutes qui naissent à chaque instant sur les différentes parties de la grammaire ? » Il souhaite que son livre soit synthétique et facile à consulter, avantage qui constitue pour l’auteur la qualité première du dictionnaire par rapport au manuel. Ce dictionnaire grammatical ambitionne de regrouper les informations sur l’orthographe, la prononciation, la prosodie et les règles générales. Outre ses propres remarques et observations, il assortit l’ensemble de celles des grands grammairiens reconnus. Le public visé est large voire universel, mais FÉRAUD pense en priorité « aux étrangers, aux jeunes gens, & aux habitans de différentes provinces de France, pour leur faciliter la connoisssance des délicatesses & des bizarreries d’une langue qui est aujourd’hui la langue de toute l’Europe ».

Ce dictionnaire ne comporte aucune définition de mot. Il se concentre sur l’aspect grammatical, avec une attention particulière portée à l’orthographe et à la prononciation qu’il considère comme les piliers d’un bon usage grammatical de la langue. Pour FÉRAUD, « l’orthographe est, dans la grammaire, ce qui a été le plus négligé ». Il déplore en particulier « que le même mot se trouve souvent écrit de cinq ou six manières différentes ». Il propose, pour fixer l’orthographe, de se fier à quatre critères : l’usage qui prime sur le reste quand il est fixe, l’étymologie, l’analogie et la prononciation. Le y est conservé lorsqu’il remplace deux i, comme dans essayer ou employer, et il est remplacé par i quand sa prononciation est simple, roy devenant ainsi roi. Concernant la prononciation, FÉRAUD utilise une jolie formule en voulant « la peindre à l’œil », c’est-à-dire en présentant phonétiquement le mot. Par exemple, accablement devient akableman, croire devient croa-re. Ce travail sur la prononciation est complété par des indications sur l’intonation et la modulation de certains mots.

Publié une première fois à Avignon en 1761, le Dictionnaire grammatical connaît un beau succès d’estime lors de sa nouvelle édition parisienne de 1768. Souvent réédité il restera une référence jusqu’au début du XIXe siècle. Dans sa Nouvelle bibliothèque d’un homme de goût, publiée en 1807, BARBIER écrit à son sujet : « À quelqu’un qui voudroit se contenter d’un seul ouvrage sur la langue, je conseillerai le Dictionnaire grammatical. L’auteur a le mérite d’avoir réduit toute la grammaire en articles courts, en principes clairs et sensibles. Il en arrange les règles dans la méthode la plus commode. »

Encouragé par cet accueil, FÉRAUD consacre ensuite de nombreuses années à élaborer ce qui restera, pour la postérité, son ouvrage majeur, publié en 1787 : le Dictionaire critique de la langue française. À noter que dans le titre de cet ouvrage, présent sur Dicopathe, le mot “dictionaire” est orthographié avec un seul N. Ce livre lui donne l’occasion de parfaire son programme de mise en conformité de l’orthographe avec la prononciation, la normalisation des accents et surtout la transformation systématique du oi en ai pour tous les mots comme français et connaître.

Ex-libris de Marcel BARRAL



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